Sans dollar

Certains billets politiques sont moins (peu?) connus et faute d’information « officielle », chacun doit les analyser pour comprendre leur raison d’être. C’est le cas de celui que plusieurs spécialistes appellent le « Sans dollar».

Caractéristiques :

    • Dimensions : 154 mm x 69 mm.
    • Couleur : lilas-gris sur papier blanc.
    • Inscription aux listes et catalogues : PQ 10 (Wojtiw); Polq 16 (Labbé).

Avers  

Inspiré du billet courant de 100 $ (1976); le portrait du premier ministre Sir Robert Borden est remplacé par celui de René Lévesque qui enlace la Reine, tous les deux dans le même lit. Le drap porte, dans ses plis, les mots « QUEBEC CANADA SOUVERAINETE ASSOCIATION ».

Les inscriptions « Cent », « One hundred », « 100 » et « Banque du Canada » du billet courant sont remplacées par « One under », « Sans », « 00 », et « Banque du Québec».

Revers

Illustration du 100 $ (1976), avec les mêmes substitutions qu’à l’avers.

Aucune information précise sur les origines et le créateur de ce billet n’étant, à notre connaissance, disponible, il faut tenter de l’interpréter à partir de son dessin et de ses inscriptions…

Le revers reproduit, presque intégralement celui du 100 $ de la série courante Scènes du Canada, avec la vignette du port de Lunenburg (Nouvelle-Écosse); or cette coupure, imprimée par la British American Bank Note Company, a été lancée en mai 1976.

Ce billet politique est donc postérieur. S’il datait des mois suivants, son auteur — probablement un opposant aux options du Parti Québécois — n’aurait certainement pas utilisé l’expression « souveraineté-association », mais aurait préféré utiliser un terme plus dur (et reconnu politiquement) de « séparation » ou « indépendance ». On voit en outre très mal pourquoi le dessin associerait René Lévesque et la Reine. Il semble plus logique de croire que ce billet a été émis vers 1984 pour caricaturer « le beau risque » de René Lévesque.

Rappelons le contexte: Après la défaite référendaire de 1980 et le rapatriement de la constitution canadienne, sans l’accord du Québec, en 1982, le Parti québécois donne son appui à Brian Mulroney qui, lors de la campagne électorale de 1984, propose de réformer le fédéralisme canadien. René Lévesque, alors premier ministre du Québec, lui donne son appui. A la suite des élections (tenues le 4 septembre), les deux chefs de gouvernement parviennent à une entente; mais, à la fin novembre, plusieurs ministres du gouvernement du Québec manifestent leur opposition et devant l’intransigeance de René Lévesque, ils démissionnent.

Ce billet pourrait donc fort bien avoir été émis à ce moment-là par des opposants à cette entente entre le Canada et le Québec — des indépendantistes ? – qui la caricatureraient en montrant René Lévesque « couchant » avec la Reine…

Le lecteur ayant une autre interprétation à proposer est bien sûr invité à la soumettre à l’édimestre pour que celui-ci mette à jour la présente page…

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