Canada est riche, Canadien est pauvre

S’il est souvent difficile de dater des billets politiques, il l’est encore plus de déterminer quel est le premier à avoir été émis au Canada. Mais pour plusieurs experts et collectionneurs, ce serait celui que l’Union des Électeurs a distribué à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, le billet Canada est riche, Canadien est pauvre.

La fondation de l’Union des Électeurs en 1939, par Louis Even et Gilberte Côté-Mercier, marque le début officiel du mouvement créditiste au Québec ; à l’élection fédérale de mars 1940, celui-ci présente deux candidats sous la bannière Nouvelle Démocratie, mais aucun ne se fait élire. Après avoir œuvré sous le nom de Candidat des électeurs et Candidat libéral des électeurs, le parti deviendra, en 1958, le Ralliement créditiste du Canada.

Mais c’est au Québec que l’Union des Électeurs a participé (brièvement), sous son propre nom, aux élections…

   avers

   revers

Largement inspiré du 5 $ de la série courante de 1937 (Georges VI), le billet se présente, sur le côté droit de l’avers, comme une invitation à devenir membre du mouvement créditiste. Au centre, un homme – que l’on imagine être un ouvrier – fume la pipe. Autour, les inscriptions :

Pour la justice    et le bon sens
Canada est riche pour ses étrangers, Canadien est pauvre par son système financier
Voulez-vous de l’argent, joignez nos rangs
Par ce signe   $   tu vivras.

L’un des premiers objectifs du Crédit social était d’assurer une répartition juste des richesses ; pour ce faire, il proposait d’imprimer de l’argent et de le distribuer à tous les Canadiens en leur versant un dividende mensuel.

Le talon, à la gauche de l’avers, est une invitation à assister à une réunion de l’Union des Électeurs, le dimanche 2 avril. Cette date et le contexte font penser que cette activité se tient quelques semaines avant le scrutin provincial du 8 août 1944. Lors de cette élection, l’Union des Électeurs recueille 16 452 voix (1,24%) et ne fait élire aucun candidat. Quant à l’orateur principal de la réunion, Dollard Richard, il attendra des élections canadiennes ultérieures pour se présenter comme candidat du Crédit social (mars 1958, juin 1962, avril 1963), mais il ne sera jamais élu…

Au revers, un texte, avec citations, fait la promotion de la philosophie créditiste en matière de système financier et invite à communiquer avec l’Union des Électeurs et le journal Vers demain (journal officiel des Bérets blancs). À droite, une publicité d’une boulangerie (A. Durivage et ses fils) dont on imagine qu’elle a financé l’impression du billet.

Caractéristiques :

  • Appellation : « Canada est riche, Canadien est pauvre ».
  • Dimensions : 265 mm x 80 mm.
  • Couleur : noir sur papier vert.
  • Valeur faciale : 5 $.
  • Numéro de série : aucun.
  • Signature : Union des Électeurs.
  • Inscription aux listes et catalogues : Polq 03 (Labbé) ; SC 01 (Wojtiw).
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